27 février 2006

Babyblues

Long time no see !

Je lisais une fille sur mon forum de discussion, une jeune maman de jumelles, qui ont environ 5 mois, qui trouvait que sa vie sociale avait pris une débarque depuis la naissance de ses filles, et même depuis son retrait préventif quelques mois plutôt.

Ah les joies de la maternité ! Ou les joies de vivre ici, en Amérique du nord, en 2006… Première chose à laquelle je pense : on passe toutes au travers de ça, les amies qui disparaissent, on s’en fait de nouvelles, ou pas, ça va, ça vient. Mais elle n’a certainement pas envie de se faire dire ça, et je la comprends. Elle voudrait donc revivre « comme avant », sortir, être spontanée, retrouver la joie de vivre ! Avant c’était donc mieux. Pas mieux, non non, différent.

C’est tellement culpabilisant être maman. Et tellement demandant. Je crois qu’il faudrait qu’ils le disent dans les cours prénataux : attendez-vous à vous mettre de côté totalement pendant quelques mois. Ne m’arrivez pas après 3 mois en me disant que vous êtes déprimées de ne plus sortir, de ne plus assister aux partys, et ce depuis oh horreur, 3 longs mois ! Les débuts de la vie de notre poupon se vivent si intensément, il dépend si totalement de nous, qu’on ne peut s’occuper de lui « à temps partiel ». Il faut donc se donner, s’oublier un peu. Temporairement.

Ce qu’il faut savoir c’est que c’est absolument temporaire. Bientôt, elles courront partout tes puces ! Bientôt, bien plus tôt que tu penses, elles ne voudront plus être dans tes bras, elle seront capables de s’occuper d’elles-mêmes « tu seule maman ». C’est comme un gros coup à donner.

[ Parenthèse concernant l’allaitement : Ça me tue d’entendre des mamans me dire mon bébé a neuf jours, et là je n’en peux plus, je ne dors plus, je ne vis plus, je dois arrêter d’allaiter je ne me reconnais plus. Mon chum me dit que je ne suis plus moi-même, qu’il veut me retrouver. Vraiment j’en pleurerais, c’est tellement triste. C’est parce que l’allaitement n’est pas en cause dans cette situation, mais bien le simple fait d’être une nouvelle maman. Donner la vie transforme une femme, elle n’est plus la même, un nouveau membre de la famille s’est ajouté, et son degré d’intensité n’a aucun lien avec sa masse corporelle ! Tout ça est normal. Il faut le dire aux futures maman qui prévoient allaiter. Qu’elles allaitent ou pas, il est fort possible que leur conjoint ne les « reconnaissent plus » après quelques jours. Qu’elles soient épuisées n’a rien à voir avec l’allaitement, qui en soi demande moins de temps que de préparer des biberons. Enfin je ne m’étendrai pas là-dessus. Fin de la parenthèses allaitement. ]

Mais là n’est pas le problème. On le sait que c’est temporaire, simplement on n’en voit pas le bout quand on a les deux pieds dedans. Mais confusément, on sait que ça reviendra, que ça évoluera.

Non, le problème c’est qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce que l’arrivée d’un enfant dans notre vie change autant de choses. On essayait bien de s’imaginer, parent, avec un enfant qui dépend totalement de nous. C’était mignon tout plein, on n’imaginait vraiment pas avoir jusqu’à de la difficulté à trouver 5 minutes dans notre journée pour manger un morceau (y’a quand même 24 heures dans une journée, devrait être suffisant pour manger 3 repas-éclair par jour ?), 5-10 minutes pour se prélasser dans une bonne douche chaude (chériiiie, t’as bientôt fini ? Parce qu’il y en a une qui commence à être impatiente là…).Et avant de l’être, on trouvait que notre belle-sœur n’avait aucune raison d’être aussi relâchée au niveau du ménage… On ne pouvait pas comprendre. Comprendre à quel point TOUT notre temps doit être consacré à l’enfant (aux enfants !) quand nous sommes avec lui. J’ose à peine imaginer la charge d’ouvrage quand on a deux bébés à la fois…

Donc exit les amies « plus ou moins proches ». Elles ont envie d’une amie qui a du temps. Exit aussi les amies qui n’ont pas d’enfant. Elles sont de l’autre bord, c’est souvent irrécupérable. Il y a un monde, un ravin, entre les femmes sans enfants et les mères. Je suis certaines qu’il existe des chanceuses qui ont des amitiés qui survivent à la maternité de l’une ou de l’autre amie, mais ce sont souvent des exceptions. Une fois qu’on a un enfant, notre vie tourne insensiblement autour d’eux. Ils font partie de nous. Indissociables, notre discours tourne autour d’eux presque exclusivement pendant plusieurs mois. Plate à mort pour ceux qui n’ont pas d’enfants malheureusement.

Reste le conjoint, notre amour s’il en est. S’il y avait des failles dans cette union, elles vont ressortir assez vite merci ! Sinon, une réorganisation de toutes les sphères de notre vie s’impose. Une simple sortie pour visiter papi mamie se transforme en expédition, c’est presque impossible d’être ponctuel, et plus les enfants vieillissent, plus c’est difficile… jusqu’à je dirais 2 ans et demi. Faut tenir compte des siestes des bébés. Que de changements ! Quelle cruelle absence de spontanéité !

Mon discours semble vraiment noir quand j’y pense… pourtant la maternité m’a révélée à moi-même ! Je n’avais pas vraiment d’amies proches, donc je n’ai pas souffert de leur absence. J’étais prête à tout donner de mon temps les premiers mois. Mon couple était fort. Par contre je peux comprendre parfaitement celles qui souffrent du babyblues….

Ciao !